RAPPEL DES FAITS
Comme je vous l’expliquais précédemment dans mon article 40 balais et 2 roues, à l’occasion de mes 40 ans je me suis lancé dans le permis moto. Pour avoir en main le permis A, permettant de piloter de « vraies » motos, il faut désormais passer obligatoirement le code de la route moto, 20 heures de pratique avec l’épreuve du plateau puis l’examen en circulation. On obtient ensuite un permis probatoire A2 permettant de rouler 2 ans avec une moto ne dépassant pas 47,55 chevaux. À l’issue de cette période, 7 heures de formation sont nécessaires pour décrocher son permis A.
LE PLATEAU, C’EST QUOI ?
Pour faire simple, c’est une grande piste en goudron, remplie de cônes, piquets, lignes et pointillés, sur laquelle on va s’entraîner à effectuer différentes manœuvres qui seront ensuite évaluées le jour de l’examen.
Depuis 2020, il est nécessaire d’enchaîner les 5 opérations suivantes sous l’oeil de l’examinateur : déplacement avant-arrière à la main et moteur éteint, parcours à allure lente avec demi-tour et arrêt, accélération et freinage d’urgence, prise d’un passager et demi-tour, slalom et évitement.
Deux plateaux sont disposés en miroir et un tirage au sort désigne lequel sera utilisé à l’examen. Le parcours lent est chronométré et doit être effectué en plus de 16 secondes. Les vitesses sont mesurées au radar et doivent être au minimum de 50km/h au freinage d’urgence, 40km/h au slalom et 50km/h à l’évitement. Les lignes en bordure de plateau ne doivent jamais être franchies, aucune erreur de parcours n’est admise, les cônes et piquets ne doivent pas être déplacés, et le pied ne peut être posé que 3 fois au sol hors des zones d’arrêt. 2 tentatives sont possibles, avec reprise du début en cas d’échec.
MON VÉCU, MES IMPRESSIONS
Je n’étais jamais monté sur une moto auparavant, j’ai maintenant 6 heures de plateau enregistrées dans le cerveau. C*, mon moniteur, est plutôt cool, et même s’il est parfois un peu taquin le courant passe bien. J’ai croisé autant de nanas que de mecs lors de mes leçons, notamment une certaine S*, très sympa, avec qui j’ai discuté quelques fois. L’appréhension des débuts, le stress d’être observé par d’autres élèves, ont laissé place à la motivation. Ce n’est pas toujours facile, en particulier sur le parcours à allure lente qui me donne du fil à retordre. Ce qui me rassure, c’est que la majorité des élèves rencontre les mêmes difficultés sur cet exercice.
Il s’agit de décrire un « S » entre 2 portes à vitesse très réduite. Il faut jouer avec l’embrayage à la main gauche tout en effleurant le frein arrière du pied droit. Les jambes doivent rester serrées contre la moto et le regard doit être dirigé au loin et non sur les obstacles à proximité. Tout cela est en complète contradiction avec le fonctionnement primaire du cerveau qui cherche à regarder les objets au sol, et en cas de sensation de déséquilibre déclenche immédiatement l’écartement des jambes ou un pied posé au sol. Mais ces réactions instinctives déséquilibrent la moto et peuvent conduire à la chute. Il faut donc tout oublier et réapprendre, et ce n’est pas évident au début. Je l’ai expérimenté lors de ma 2ème heure durant laquelle je n’avais plus aucun équilibre, je mettais les pieds au sol sans arrêt, je calais, je n’arrivais à rien et je suis reparti de ma leçon dépité, agacé, démoralisé. Et en plus il pleuvait !
Mais comme dit C*, c’est dans les moments difficiles qu’on apprend. J’ai analysé à tête reposée ce qui n’allait pas, j’ai regardé des vidéos explicatives, et lors des heures suivantes j’ai pu effectuer une belle progression. J’ai réussi quelques fois le parcours lent, même si je suis encore un peu trop hésitant et que ça m’a valu un moteur calé en pleine courbe, engendrant naturellement le basculement de la moto sur le côté, retenue à bout de bras dans une position jambes écartées des plus inesthétiques. C* m’a lancé : « C’était moins une ! »… À ce propos, j’ai bien fait de me remettre ces derniers temps à quelques exercices physiques qui m’ont permis d’avoir la force nécessaire à redresser la moto penchée à 45 degrés entre mes jambes, sans tomber. J’ai déjà vu 2 élèves se retrouver au sol sans pouvoir relever leur moto, ça ne m’est heureusement pas encore arrivé.
Pour le reste, démarrage, demi-tour, passage des vitesses, accélération et freinage, ça commence à aller, même si je mords encore un peu les lignes délimitant la piste et que mon allure manque de régularité. Les poignées sont vraiment à manier avec des pincettes, sinon on est secoués d’avant en arrière. Mais la sensation est juste géniale, surtout en phase d’accélération avant le freinage d’urgence, où on ressent vraiment la puissance du moteur nous pousser en avant. Certains motards disent que ce sont de « petites » motos, mais pour moi c’est déjà énorme. C* me lance de temps en temps un sourire pouce vers le haut quand il entend le moteur grogner et la 3ème s’enclencher avant que je n’écrase les freins en passant la ligne C6. Je prends confiance et ça c’est un bon point !
Je vais entamer ma 7ème heure de plateau mercredi, et je vais peut-être découvrir comment réaliser le slalom et l’évitement. Suite au prochain épisode…
* : le nom est volontairement masqué