Quarantaine & nouveau site

VOILÀ, ÇA Y EST, J’Y SUIS !

La quarantaine est là. Aucun lien avec l’actuelle crise sanitaire, je parle de cette quarantaine qui a frappé à ma porte avec ses gros sabots ce 6 mai 2021, en me collant une bonne petite claque dans la figure au passage. Mes parents me diraient sans doute : « Mais t’es encore tout jeune… ». N’empêche que le chiffre 40, il traîne avec lui un bon gros sac rempli de phénomènes physiques bizarres, et tout un tas de remises en questions inexplicables. Je crois que c’est ce que les gens appellent communément la crise de la quarantaine

GÉNÉRATION GEEK

Né en 1981, un peu entre les générations X et Y, j’ai connu le téléphone à cadran et pourtant je maîtrise plutôt bien les nouvelles technologies.

Je me rappelle du bruit mécanique de ce fameux cadran qu’il fallait remonter du bout du doigt, sur lequel Papa mettait une minute à composer le numéro à 8 chiffres de Mémé, après avoir attendu le « toouuuut » de l’indicatif régional. Pour ne rien rater de la conversation, Maman et moi avions l’oreille collée à l’unique écouteur filaire, et on n’entendait pas très bien parce que l’appel venait de loin.

La salle informatique de mon école primaire était équipée d’un serveur Goupil à écran vert sur noir, à partir duquel l’instituteur lançait avec fierté les applications sur de grandes disquettes souples, et d’une dizaine d’ordinateurs Thomson MO5 avec crayon optique, reliés à un téléviseur. Avec mes copains d’école on y maniait le LOGO, un langage de programmation censé faire bouger une tortue pour tracer des formes géométriques à l’écran.

Quelques années plus tard, en classe de CM1, nous partions en classe de mer. Un groupe d’élèves était désigné pour rédiger chaque jour le compte-rendu de nos activités que les parents pouvaient ensuite consulter à domicile depuis leur Minitel. Mes parents n’en étaient pas équipés mais fort heureusement, les voisins leur permettaient de le consulter chez eux. C’était très lent et monochrome, mais ça ressemblait presque déjà à un site web personnel…

Pendant ce temps, à la maison, je faisais mes premiers pas en BASIC avec l’Atari 800XL de mon frangin, relié à la télé du salon par la prise antenne, sur laquelle il fallait trouver le bon canal en tournant les molettes des chaînes. J’y tapais des centaines de lignes de commande pour obtenir une mélodie et quelques formes changeant de couleur, que j’enregistrais ensuite sur un lecteur cassettes horriblement lent, qui connaissait des ratés, et qui parfois me perdait tout un après-midi de travail !

Au collège j’ai vécu l’arrivée de l’informatique « moderne » avec des PC Windows 3.1 sur lesquels nous pouvions taper et imprimer des documents, consulter des encyclopédies, découvrir des peintres ou visiter des musées grâce aux premiers contenus multimédias sur CD-ROM, casque posé sur les oreilles, ça me paraissait fantastique.

Puis ce fût l’arrivée d’Internet sur le PC Windows 95 familial que je m’étais quelque peu approprié. Mes premiers fournisseurs d’accès s’appelaient France-Explorer, Infonie, Wanadoo, Club-Internet, Liberty-Surf, AOL… Chaque opérateur disposait de son lot de services et d’une facturation différente, à la minute, ou par forfait horaire. Toute session de navigation passait par le fameux processus de connexion sur un modem 56k, accompagné du mythique bruit de négociation V.90. Le surf était plutôt lent, monopolisait la ligne téléphonique de la maison, et on mettait du temps à trouver une information car Google n’existait pas. Les images étaient pixellisées, et ne parlons même pas des vidéos, de la taille d’un timbre-poste, cadencées à une image par seconde. Mais on s’en contentait et c’était super !

Le processus de connexion avant chaque navigation

RÉSEAUX SOCIAUX, LES DÉBUTS

E-mails, messageries instantanées, forums de discussions, tout un monde virtuel s’ouvrait à moi et me permettait de m’évader. Mes logiciels de prédilection étaient ICQ, sur lequel on échangeait des messages dans de petites fenêtres pop-up qui criaient « Uh-Oh! » à chaque message, et mIRC, qui permettait, en tapant des lignes de commande, de se connecter à des serveurs et créer ou rejoindre des forums de discussions, pilotés par des admins, membres et bots. C’était geek et génial. Les membres faisaient partie de communautés, parfois on se réunissait même pour faire du VTT ou sortir au resto ensemble, et on utilisait un langage qui nous faisait passer pour des extraterrestres auprès des non initiés…

Ma génération a pris l’habitude de partager ses centres d’intérêt sur des pages et sites persos, hébergés sur des services tels que Voilà ou Free, et rédigés avec les moyens du bord tels que Macromedia Dreamweaver, Microsoft FrontPage Express et même Word, ou en codant directement en langage HTML dans le Bloc-Notes pour les plus geeks d’entre-nous. On découvrait des sujets géniaux, les pages étaient habillées de couleurs acidulées, des images GIF et animations Flash lourdes mais jolies clignotaient de partout, et des gens plein d’inventivité commençaient à raconter au monde leurs humeurs quotidiennes, leurs vies… C’était l’arrivée des blogs.

Le mythique « Uh-Oh! » à la réception d’un message ICQ

Et puis l’ADSL a fait son entrée, avec sa connexion instantanée, permanente et rapide. Technologie merveilleuse à l’époque, on passait de 56k à 512k, c’était 10 fois plus rapide et tout semblait aller à la vitesse de l’éclair. On pouvait enfin rester devant son écran pendant des heures pour discuter, s’informer, jouer en ligne…

MAIS ÇA, C’ÉTAIT AVANT…

Facebook, Twitter et toute la ribambelle de réseaux sociaux qu’on connaît aujourd’hui ont soudain fait leur apparition, reléguant au second plan tout ce qui existait jusque là. Au départ, tout était beau et rose. On pouvait retrouver facilement ses amis, tout semblait amical et bienveillant. On tapait son nom, sa ville, son école, on sélectionnait ses centres d’intérêt, et les merveilleux algorithmes trouvaient automatiquement les gens qui venaient du même endroit ou qui avaient les mêmes passions, on pouvait retrouver ses amis d’école et anciens voisins.

On échangeait alors quotidiennement quelques photos de soirées ou de la dernière étagère qu’on avait installée, on y ajoutait 2-3 lignes de texte, tout était partagé à tout le monde rapidement. C’était top, plus besoin de s’embêter avec un site perso, et on se retrouvait vite avec des centaines d’amis partageant les mêmes passions. Les vitesses de connexion permettaient également d’envoyer nos exploits en vidéo sur YouTube, du moins pour ceux qui avaient la chance d’avoir un appareil photo compact sachant prendre plus de 10 secondes de vidéo sur carte SmartMedia.

Des esprits malins ont vite compris tout l’intérêt de la chose. Revendre nos vies désormais centralisées dans les énormes bases de données de ces sociétés peut rapporter gros. Des millions de gens partagent maintenant quotidiennement toutes leurs passions, leurs lieux de prédilection, les habits qu’ils achètent, la musique qu’ils aiment… Et j’en fais partie. Pendant des années j’ai beaucoup partagé, avec tout le monde.

Après X et Y, la génération Z est maintenant là, tout comme les smartphones et connexions 4G illimitées. Et cette génération n’a jamais connu de vie privée. Littéralement scotchée H.24 aux écrans mobiles, chaque fait et geste de ces jeunes gens est instantanément partagé, analysé par des sociétés, puis revendu. Peut-être croient-ils pouvoir faire leurs propres choix, mais tout est malheureusement orienté, influencé, au grand bonheur des marques. Sans parler de toute cette génération d’Instagrammeurs et Youtubeurs qui placent maintenant des publicités et produits sponsorisés dans toutes leurs vidéos pour financer leurs chaînes. La nouvelle génération semble perdre tout contrôle de sa vie.

ET ALORS, LE NOUVEAU SITE ?

Après avoir vécu un « boom » absolument formidable de l’informatique et des technologies, comme beaucoup de gens de mon âge je commence à saturer de ce que devient l’Internet actuel, cette gigantesque toile désormais remplie de contenus commerciaux, vides, et pour la plupart sans intérêt. Et que dire de ces énormes sociétés, telles que Facebook, rachetant WhatsApp et Instagram et leurs milliards d’utilisateurs pour se gaver de données privées, et empocher des millions de dollars sur le dos des membres ne s’imaginant même pas qu’ils sont devenus des produits. Et puis il y a ces formidables algorithmes, qui n’ont désormais plus qu’à piocher dans nos données privées, pour nous présenter un contenu pertinent, attirant, nous rendant captifs de nos écrans.

Tout cela devient extrêmement chronophage et pourtant la plupart de ces contenus sont inutiles. L’explosion des technologies actuelles pourrait permettre des merveilles, mais les réseaux sociaux sont devenus majoritairement vides, sans intérêt. Je suis lassé des chatons mignons et des proverbes du jour, dépité des réactions idiotes et de la victimisation systématique, exaspéré par l’orientation des médias et la bêtise politique. Certains esprits créatifs persistent heureusement à partager leurs passions de manière intéressante, et Internet regorge encore de contenus formidables.

Nous arrivons donc au but (et au bout) de cet article. J’ai besoin d’un retour aux sources, de me désintoxiquer de cette société qui ne me correspond plus. Je veux retrouver les débuts d’Internet où les gens partageaient leurs centres d’intérêts avec leurs amis, de manière simple, libre, non lucrative. Et avec l’arrivée de la quarantaine et de tout son lot de remises en questions, j’ai donc décidé de quitter la plupart des réseaux sociaux et messageries instantanées pour recréer un site perso, comme au bon vieux temps, pour y partager un peu de ma vie, de mes humeurs, de mes bricolages, et y regrouper mes activités. Je deviens également beaucoup plus sélectif dans la gestion de mes contacts.

Ma présence personnelle sur le web se limite donc désormais à mon site perso, mon compte Twitter et ma chaîne YouTube. Et pour me contacter, c’est par E-mail, SMS, Signal, Telegram. Ça fait déjà beaucoup, c’est bien assez, et presque trop ! Qui aurait cru que moi, super geek, je dirais ça un jour ? Ainsi va la vie, parfois le changement est nécessaire…

WeLcOmE @ LeTof.fr !
Qui m’aime me suive…

À lire également...

On est pas bien là ?

On est pas bien là pour travailler ? Hein Tintin ?
Bon, les commandes sont plus nombreuses !

2 réponses

  1. Quelle merveilleuse et délicieuse plongée dans le passé !!! N’ayant que 2 ans de plus que toi, je suis exactement de la même génération que toi et tout me parle !!
    Le téléphone à cadran avec l’écouteur filaire, le Thomson MO5 avec la tortue à l’école primaire, le bruit des 1ères connexions internet, le « Uh-Oh ! » Etc… quelle nostalgie. Le temps de l’innocence… la vache je parle comme un vieux lol !
    Hâte de découvrir tout le reste !!!

    Gros bisous,

    Yannick.

    1. On est toute une génération à avoir vécu à peu près de la même façon l’arrivée de l’informatique, il n’y avait pas autant de choix matériels, logiciels et contenus qu’aujourd’hui, et du coup on a en majorité un peu le même état d’esprit. J’adore échanger sur les technologies de l’époque, tout a tellement changé… C’était génial !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Partage à Tes Amis !